Le 10 juillet dernier, au théâtre antique d'Orange, dans le cadre des Chorégies, était proposée une séance de cinéma sur écran géant. Il s'agissait de l'adaptation en opéra de la pièce d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. Je n'avais jamais entendu parler de cet opéra, enregistré en 2004 à l'Opéra National de Montpellier, mais adorant la pièce, et pouvant la voir dans un cadre somptueux, je n'ai pas hésité longtemps pour acheter une place. Hélas, peut-être aurait-il fallu que je m'abstienne...

Le ténor super-star Roberto Alagna tient le rôle principal de cet opéra en cinq actes de Franco Alfano. La mise en scène et les décors, réalisés par la famille du ténor (David et Frédérico Alagna), sont tout ce qu'il y a à sauver de ce calamiteux spectacle, avec toutefois la réalisation (l'opéra est bien filmé). Je ne sais pas si cela vient de moi, mais entendre chanter en français de l'opéra m'a beaucoup dérangé. Autant j'adore les grands opéras italiens ou germaniques, autant là j'ai trouvé cela ennuyeux à mourir. Déjà, parce qu'il n'y a aucun grand air. Le texte de Rostand est "chanté" sur un ton monocorde tout du long, même la chanson des cadets de Gascogne. Certes, la voix y est, mais ce ton monocorde et lancinant n'est absolument pas fait pour le texte de Rostand. En effet, il détruit systématiquement tout l'humour de la pièce d'origine, empêchant les répliques courtes et cinglantes ! Rostand a écrit pour le théâtre, et c'est une erreur de croire qu'un texte de théâtre puisse être tout simplement transposé en opéra. C'est un peu, pour moi, comme si vous adaptiez le Seigneur des Anneaux en chanson populaire, sans en changer une virgule...

Mais le plus étonnant, c'est les coupes qui ont été faites dans le texte. Ainsi... il n'y a pas la tirade du nez ! Impensable et sacrilège, mais on a jugé que ce n'était pas quelque chose d'important !

Le DVD de cet opéra est sorti. Mais à moins d'être fan absolu de Cyrano, l'achat ne s'impose vraiment pas...

Cyrano de Bergerac - L'opéra