Le premier épisode des Salauds Gentilshommes de Scott Lynch (qui n'a pas été chroniqué ici car ne relevant pas des pirates ou du cape et d'épée), Les Mensonges de Locke Lamora, était une réelle bonne surprise en fantasy. Un scénario accrocheur (la vie et les arnaques d'un groupe de voleurs exceptionnel dans une cité corrompue), une plume agréable, des personnages attachants, le roman se dévorait réellement avec plaisir. Le deuxième tome, intitulé Des Horizons Rouge Sang, vient tout juste de sortir, et au contraire du premier tome, il a sa place sur ce blog...

Locke Lamora et Jean Tannen, après leur fuite de Camorr, leur cité natale, montent pendant deux ans un plan afin de s'emparer de l'immense fortune de Requin, le maître de L'aiguille du péché, une maison de jeu réservée à l'élite de la cité de Tal Verrar. Mais leur plan va tourner court lorsque les deux amis se feront embarquer contre leur gré sur un bateau pour qu'ils deviennent des pirates, eux qui n'ont jamais navigué...

Ce deuxième tome était très attendu, et démarre sur les chapeaux de roues. On retrouve avec grand plaisir le monde mafieux qui sert de décor aux aventures de Locke Lamora, et les ruses et combines de ce dernier pour détrousser les plus riches. Toutefois, quelques petites ombres viennent gâcher un peu la lecture et décevoir les attentes du lecteur.
Tout d'abord, l'intrigue maritime arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Locke et Jean étaient en plein dans leurs intrigues, et tout d'un coup, les voilà propulsés en mer, très loin des arnaques qu'ils avaient commencé à monter. C'est assez déstabilisant, comme si l'auteur nous avait appâtés avec le gros coup monté par les deux compères pour nous dire tout d'un coup "non, non, en fait j'arrête de raconter ça, je passe à tout à fait autre chose"... Du coup, la fin est assez rapide (lorsque Locke et Jean reviennent de mer pour boucler leur arnaque).
De plus, le procédé littéraire de l'analepse, extrêmement bien exploité tout au long du premier volet (les chapitres de l'histoire principale étaient coupés par des retours en arrière sur la vie des personnages), s'arrête ici au tiers du roman, pour faire place à une construction beaucoup plus classique. Dommage, cela donnait réellement un cachet agréable au premier roman de la série...
Enfin, Lynch répète ici un peu trop les mêmes schémas globaux pour son récit (morts et tromperie, puis vengeance finale)...

Cependant, Des horizons rouge sang est loin d'être un mauvais roman ! Les quelques points négatifs évoqués ici (accentués, il est vrai, par l'attente provoquée par le premier tome) ne gâchent pas un roman qui reste largement au-dessus de la production habituelle en fantasy... On attend avec impatience les cinq prochains volumes de cette série des Salauds Gentilshommes, en espérant qu'ils seront à la hauteur !

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4 sur 5

Des horizons rouge sang