Athos, Porthos, Aramis, d'Artagnan, Constance et une nouvelle héroïne sortie de nulle part, Joyeuse, vont devoir assurer le transport d'un traité d'alliance entre le Portugal et la France, pour qu'il parvienne bel et bien entre les mains du roi Louis XIII. Toute l'équipe ira d'aventure en aventure, combattant Allemands, Italiens, Anglais, Ecossais, etc. Le tout se veut un roman humoristique parodiant Dumas...

La quatrième de couverture laisse croire qu'il s'agit en réalité d'un "pastiche". Il n'en est rien. Rappelons que le pastiche est l'imitation du style d'un maître. Quand on lit les dialogues, très mal écrits et au langage très familier, voire vulgaire, on ne peut que constater que Michel Robert est loin, très loin de Dumas. En voici un exemple édifiant :

- [...] jamais je ne pourrai te pardonner ! Tu entends ? A moins que...
Le visage gêné de Porthos s'éclaira d'espoir:
- Que quoi ?
- Que tu me roules un trois feuilles du meilleur matos que tu as ramené! Alors seulement, je pourrais passer sur cette pénible, affreusement pénible affaire...
- Ah! Par le Ninja Blanc, tu m'as fait peur! J'ai cru que tu faisais vraiment la tête... J'te propose de la Péruvienne ambrée. Ça te va?
- Yep! Mais t'inquiète le Ninj', tu ne t'en tireras pas comme ça...
- Alors, les filles, on se crêpe le chignon? intervint Aramis qui venait de les rejoindre, son jeu d'Uno monogrammé en main. Une partie?
- Une petite alors. L'pauvre Athos, il est blessé!
- Tu vas voir si je suis blessé quand tu vas te prendre mes scuds dans la bouche!


Tout le reste est à l'avenant. Ce roman est navrant, voire consternant. L'auteur semble trouver que c'est le summum de la drôlerie de faire fumer des joints aux héros toutes les trois ou quatres pages (non, je n'exagère pas, cela arrive réellement aussi souvent que ça). Il se défend dans la préface d'avoir fait l'apologie de la fumette, mais en lisant son "oeuvre", on sent bien que c'est le thème principal (au point que son livre devrait être interdit pour incitation à la consommation de stupéfiants !).
De même, il trouve à hurler de rire le fait que les mousquetaires fassent des parties de Uno (parfois détaillées) à tout bout de champ. Oui, on parle bien d'une aventure des mousquetaires...

Autre élément censé être drôle, les héros se pourrissent de vannes et lâchent des insultes à longueur de roman, ce qui devient vraiment fatigant ("Sale petit Nain rouge", "bande de bâtards bleus", "Faichiélabitt", "Fuckaneye", "Emplâtré du derche", etc.), le cri de guerre de Porthos est même "Fuck the iguanaa!"...

Au niveau narratif, c'est souvent du grand n'importe quoi non maîtrisé. Les personnages peuvent ainsi passer plusieurs chapitres dans une auberge à ne rien faire (l'histoire n'avance pas), ou bien être sauvés par un deus ex machina constitué par l'intervention de personnages d'autres romans de l'auteur, transformant le tout en fantasy l'espace de dizaines de page, sans aucune explication logique.

Bien loin de Dumas également, les personnages sont juste des clichés des mousquetaires, mais on se demande si l'auteur a réellement lu le roman original. Ainsi, d'Artagnan est déjà mousquetaire et Constance et Milady sont en vie. Plus grave, les "quatre" mousquetaires n'ont pas d'honneur, et passent plus de temps à se battre au lancer de dagues/tomahawk qu'avec leur rapière. Porthos est même décrit comme un "mousquetaire-ninja" (littéralement). Les relations amoureuses des personnages sont mièvres et en contresens total par rapport au roman original. En réalité, l'auteur l'avoue lui-même, il a simplement transposé ses soirées et délires avec ses potes en roman "parodiant" les Trois Mousquetaires, et cela se sent (voir par exemple les mentions dans le texte de World of Warcraft ou de Tekken III). Le tout est une grosse "private joke", qui n'arrache pas un seul sourire au lecteur le long de ses 350 pages.
On se demande franchement ce qui a poussé Mnémos a publier ce roman. Est-ce dû au succès des parodies d'Harry Potter et du Seigneur des Anneaux ? Est-ce du simple copinage entre l'éditeur et l'auteur? Le livre n'aurait jamais dû quitter le cercle de potes qui l'a inspiré, ou alors apparaître sur un coin d'Internet en tant que fanfic. Mais de là à le faire publier...

En tout cas, si vous aimez le roman d'origine et le cape et d'épée, ne vous faites pas avoir par la couverture sympathique et gardez votre argent. Je vous aurai prévenus... Assurément un des pires romans que j'ai lus ces dernières années...

(Ne pas) acheter le roman

0 sur 5

Les 4 mousquetaires... et plus si affinités