J'ai commencé par prendre des notes. Des tas. Pendant des années, j'ai écrit sur de petits carnets toutes les idées que je trouvais bonnes ou originales dans ce que je lisais ou regardais. Au bout de quelques temps, je me suis retrouvé avec une masse incroyable de petites idées tenant en une ou deux lignes, des idées principalement destinées à être utilisées dans mes scénarios. Et puis, naturellement, ces idées ont commencé à faire surgir un univers de jeu...

Prendre des notes, puis les oublier, est un processus créatif vraiment puissant. En mettant côte-à-côte des notes apparemment sans lien, des idées nouvelles surgissaient, et comme j'en avais des pages et des pages, j'ai eu de la matière à profusion.

J'ai donc commencé à organiser toutes ces idées. Ce fut un premier jet plutôt sec (j'ai l'esprit très synthétique...), allant à l'essentiel. Tel quel, le résultat n'était pas agréable à lire pour d'autres personnes que moi ! J'ai réécrit le texte obtenu de manière à pouvoir le publier sur Internet, et cela a donné la première version de Songe.

Depuis, je travaille en pelure d'oignon, c'est-à-dire qu'autour de ce noyau que j'ai créé, je rajoute des couches, encore et encore. J'enrichis sans cesse le background, le texte, les règles, et le jeu grossit, telle une boule de neige que l'on roule devant soi...

Au début, j'utilisais énormément l'ordinateur et le traitement de textes. Chaque nouvelle idée, je l'écrivais sous Word dans un gros fichier. Le système fonctionnait particulièrement bien pour toutes les retouches ou ajouts. Mais récemment, je me suis rendu compte que l'ordinateur avait fini par me bloquer, me limiter. Quand je me mettais à écrire, au lieu de me concentrer sur ce que je faisais, je restais des heures sans écrire une ligne, surfant sur Internet ou faisant tout autre chose que ce que je voulais faire. L'ordinateur est devenu une distraction au lieu d'un outil, et j'ai dû changer de méthode de travail. Désormais, j'imprime de temps à autre la version sur laquelle je planche, puis je fais la nouvelle "pelure d'oignon" à la main, au stylo plume. Je noircis quelques pages, puis je tape le résultat, pour ensuite imprimer la nouvelle étape et recommencer à écrire. Cela est plus long, puisque j'écris les choses deux fois, mais cela me permet de mieux avancer. De plus, il se passe parfois beaucoup de temps entre deux "pelures d'oignon", et lire la dernière version imprimée sur du papier est beaucoup plus agréable que lire sur écran !
A vrai dire, le seul souci de cette méthode, c'est que j'ai l'impression que le jeu ne sera jamais fini, qu'il y aura sans cesse une nouvelle pelure à ajouter à l'ensemble... Mais je me suis fixé une date limite, et j'espère que j'aurai le courage de ne pas la dépasser !!!