Les Foulards rouges raconte l'histoire de Loup de Pomonne, seigneur de Nissac. A la tête de ses fidèles "Foulards rouges" (un groupe de mercenaires mêlant aristocrates et galériens), il va lutter pour aider Mazarin et combattre la Fronde. Mais un autre danger guette : un terrifiant tueur en série au masque d'argent, l'Ecorcheur, est à la recherche de la femme dont Nissac est tombé amoureux...

La quatrième de couverture promet "sabotages, missions secrètes, duels au clair de lune, guets-apens, tombes profanées, enlèvements, trésors exhumés". De fait, ces éléments sont bien présents, et pourraient à première vue laisser penser à du pur cape et d'épée. Cependant, la noirceur de l'ensemble éloigne à mes yeux ce roman du genre hérité de Dumas. Certes, des ingrédients traditionnels sont là, mais le récit relève tout autant du roman historique pur que du thriller. J'avoue avoir eu du mal à finir le livre, n'ayant que peu accroché à l'histoire (et au style de l'auteur : voir ci-dessous). En effet, le roman me semble assez mal construit, l'Ecorcheur ne croisant la route des héros à aucun moment à part à la toute fin; du coup, on a du mal à s'intéresser à cette caricature d'incarnation du mal (un homme qui enlève de belles femmes pour leur faire l'amour, puis les écorcher), car elle n'a aucune incidence sur les personnages principaux. Le héros, lui, est un véritable cliché à lui tout seul (l'homme d'âge mûr, plein de cicatrices, atteignant la sagesse et découvrant l'amour fou).
Le roman comporte toutefois quelques passages assez sympathiques (les duels, le retour de Nissac progressivement reconnu par les siens...). Il possède une préquelle, Le Voleur de vent, dans laquelle Fajardie raconte l'histoire du père de Loup de Pomonne et dont l'histoire ressemble énormément aux Foulards rouges (ainsi, le héros, très fort, tombe amoureux d'une femme qui est trait pour trait le sosie de Mathilde, la femme dont Loup tombe amoureux dans les Foulards rouges !).

Le Conseil des Troubles est un roman plus récent de Fajardie, mais il reprend une trame assez similaire (un héros très fort dirigeant un groupe de soldats, une femme aimée, des ennemis très méchants...). Le duc Tancrède de Montigny dirige les "Opérations Spéciales", un groupe de mercenaires s'occupant de missions dangereuses. Héros fort et semblant invincible, il a un secret : il est le dernier descendant du peuple de l'Atlantide, ce qui lui confère quelques pouvoirs extraordinaires (et, accessoirement, cela fait de lui le dépositaire du trésor des templiers). Ces pouvoirs l'aideront à survivre, face aux dangers que représentent ses ennemis, tels le "Feu Follet" (un redoutable tueur à gages) ou encore le grand maître des Teutoniques, chef du Conseil des Troubles. Bien entendu, une jolie jeune femme viendra également jouer le rôle de l'être aimé capable de percer l'armure du héros...

Le roman ne tient pas vraiment ses promesses, les origines de Tancrède n'étant qu'accessoires (il n'utilise ses "pouvoirs" que très peu, et l'histoire du trésor des templiers arrive comme un cheveu sur la soupe). On a fortement l'impression de relire Les Foulards Rouges, mais on sent que l'auteur a voulu placer en supplément des éléments qui l'ont plus encombré qu'autre chose (les pouvoirs de Tancrède, les templiers), et en fin de compte, une fois la dernière page terminée, on se dit "et alors ? C'est tout ?" Le romancier n'a pas su à mon sens exploiter son personnage et ses origines, et on a plus l'impression que les pouvoirs et les origines du héros ne servent qu'à "décorer" le personnage au lieu d'avoir une réelle importance narrative...

Dans les deux romans, le style d'écriture et les tics de l'auteur me gênent un peu. Il appelle par exemple systématiquement la France "le royaume des lys" (ce qui est amusant la première fois, mais agaçant à la longue). Ou alors il utilise un langage pseudo-médiéval (en omettant par exemple les déterminants), mais au lieu de le cantonner aux dialogues, il en insère aléatoirement dans la narration. Fajardie abuse ainsi de la préposition "en" pour donner un cachet ancien au texte (ainsi, il ne dira jamais "dans le royaume", mais "en le royaume"), au point que cela en devient rebutant, car on retrouve ce procédé artificiel à toutes les pages...

Les livres historiques de Fajardie sont donc à mon sens plutôt décevants. M'attendant à un renouvellement du genre cape et d'épée, je suis en réalité tombé sur des thrillers historiques qui semblent se cloner entre eux, abondant en clichés et au style plutôt rebutant. Dommage...

Les foulards rouges



Le Conseil des Troubles