Présenté comme une "anthologie de fantasy historique", le premier volume de Dimension de capes et d'esprits paraissait alléchant. Comme le laissait supposer le titre, il est question d'un mélange de fantasy et de cape et d'épée (même si la couverture, trop typée fantasy, est en décalage avec le contenu)... La préface de Philippe Ward (directeur de collection) nous met encore l'eau à la bouche, en faisant un rappel sur le genre cape et d'épée, plaçant clairement l'anthologie sous son signe. L'horizon d'attente est donc bien défini, on s'attend à du cape et d'épée avec des éléments de fantasy (magie, créatures fabuleuses, etc.), du genre Les Lames du Cardinal, ou Mademoiselle Scaramouche.

La lecture de la première nouvelle est une douche froide. Il s'agit d'un texte de Jean d'Aillon, une enquête de son héros Louis Fronsac, déjà personnage de nombreux romans historiques. Or, il n'y a dans ce texte aucune trace de fantasy ! Il s'agit, comme pour les autres romans de l'auteur, d'une enquête, certes placée au XVII° siècle, mais sans aucun rapport avec ce qui était annoncé dans l'anthologie !
Je passe à la deuxième nouvelle... Même chose ! Et à part un combat rapide, l'histoire se passe dans un monastère, loin des aventures de cape et d'épée ! Au niveau thématique, que viennent donc faire ces deux textes dans ce recueil ? Je ne sais pas pourquoi Eric Boissau (directeur de l'anthologie) a fait le choix de les retenir, alors qu'ils sont clairement hors sujet...

Au bout de 70 pages de lecture, on se sent quand même un peu floué... J'ai failli arrêter ma lecture là, mais heureusement, les textes suivants sont, eux, dans le ton. Toutefois, ce recueil n'échappe pas au grand défaut de la plupart des anthologies, c'est-à-dire l'inégalité de la qualité des textes. Certaines nouvelles sont très réussies (par exemple Dragon des Mers de Nicolas Cluzeau), d'autres assez mauvaises (Lames Basques, se résumant à un combat, ou L’Oeil de la nuit, se terminant par un délire SF : dommage de finir le livre sur cette nouvelle)... Dans l'intervalle, beaucoup de textes se lisent avec plaisir. Ayehannah (de Lucie Chenu) met en scène une histoire intéressante de dryade. Dans Les hommes de l'ombre, Pierre-Luc Lafrance mêle monde des ténèbres et mythes celtes, dans une nouvelle qui aurait pu donner naissance à un roman (et être plus dans le ton si elle se passait au XVII° et pas dans le contexte des guerres napoléoniennes). La Botte du Diable, de David S. Khara, raconte l'histoire d'un duelliste orgueilleux passant du "côté obscur"...

L'idée de cette série d'anthologies est intéressante. Cependant, le choix des textes pour un éditeur est primordial, et il y a eu certains mauvais choix dans ce premier volume, malgré d'autres réussis. Espérons que les volumes suivants auront une sélection plus judicieuse...

Le premier tome sur le site de l'éditeur
À noter que le deuxième tome vient de paraître...

2,5 sur 5

Dimension de capes et d'esprits 1