Après Les Trois Mousquetaires et Vingt ans après, Le Vicomte de Bragelonne, d'Alexandre Dumas, nous fait retrouver les célèbres quatre mousquetaires au crépuscule de leur vie.

Dix ans se sont écoulés depuis leurs dernières aventures communes. Bien qu'ayant la soixantaine, ils sont, au début de cet imposant roman, encore frais et vigoureux. D'Artagnan, capitaine des mousquetaires, n'a cependant pas évolué dans sa carrière et sa manière de vivre...

Le roman est divisé en trois grandes parties.
La première, fidèle aux deux romans précédents, raconte comment d'Artagnan et Athos, bien que séparés, sont parvenus à restaurer la royauté de Charles II face à Cromwell.
La deuxième narre comment Fouquet, immensément riche et ayant fortifié Belle-Ile-en-Mer grâce à Aramis et Porthos, s'attire la jalousie du roi et de Colbert, qui n'auront cesse de précipiter la chute du surintendant des finances. Mais ce qui est réellement au centre de la deuxième partie, ce sont les intrigues amoureuses de la cour.
La troisième, enfin, raconte le complot mené par Aramis visant à faire accéder au trône le frère jumeau de Louis XIV, Philippe, emprisonné depuis des années à la Bastille, tandis que le roi prendrait sa place en prison. Mais Fouquet, malgré la haine du roi envers lui, mettra très rapidement un terme à la mascarade.

Le plus regrettable dans les quelques 1600 pages du roman, c'est que la majeure partie se déroule en l'absence des quatre anciens mousquetaires. En effet, ce qui est central (mais aussi ce qui a été le moins retenu dans tous les films qui s'en sont inspirés), ce sont les intrigues de cour, et les amours de Louis XIV avec Mlle de La Vallière. Ces dernières sont parfois longues et délayées, alors que le lecteur attend avec impatience que les mousquetaires aient un peu de présence. L'épisode final du Masque de Fer n'occupe même pas le tiers du texte...
Le titre est lui aussi trompeur. En effet, si l'on s'attendait, après avoir lu Vingt ans après, à ce que Raoul, le Vicomte de Bragelonne, prenne la relève des mousquetaires, il n'en est rien. Raoul n'est qu'un fantôme dans ce roman, il n'apparaît quasiment pas (même si les personnages parlent de lui), et il doit s'éclipser face au roi, qui lui a volé l'amour de La Vallière. Il finira par aller chercher la mort en Afrique, loin de tous.

L'écriture dumasienne est limpide et agréable, et ce pavé se lit avec régal. On est quand même un peu déçu de ne jamais voir ensemble les quatre mousquetaires, définitivement séparés par la vie et leurs choix politiques, et également déçu qu'ils n'occupent pas réellement la place centrale du roman. Mais cela n'entache en rien le plaisir de lecture...

L'intégralité du Vicomte de Bragelonne est disponible aux éditions Omnibus, ou en ligne à cette adresse.

Le Vicomte de Bragelonne